Les Hauts du Bas

Les Hauts du Bas

Pascal Garnier

Language: French

Pages: 110

ISBN: 284304250X

Format: PDF / Kindle (mobi) / ePub


Un vieux monsieur très riche, arrogant et irascible. Son aide médicale, entièrement dévouée... Une grande maison dans la Drôme et les vautours qui rôdent. Figure marquante de la littérature française contemporaine, Pascal Garnier avait élu domicile dans un petit village en Ardèche pour se consacrer à l’écriture et à la peinture. Il nous a quittés en mars 2010. Peintre d’atmosphère alliant la poésie d’Hardellet à la technique de Simenon, styliste du détail juste, il excelle dans la mise en scène des vies simples, celles du voisinage, des souvenirs d’enfant, des je me souviens qui tissent nos mémoires. Mais chez Pascal Garnier, ce beau calme des banlieues de l’âme et de l’époque prépare toujours d’effroyables orages, avec froissement de tôles et morts en série…

Whatever

Possessions

Jonas ou l'artiste au travail / Pierre qui pousse

Sisters

Eugenie Grandet

Autoportrait

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

De l’incontournable toussotement d’un moteur, quelque part, au loin, il n’y avait aucun bruit dans le village. Malgré les verres fumés de ses lunettes, le contraste des zones d’ombre et de lumière faisait mal aux yeux. M. Lavenant avait l’impression de se mouvoir dans un vieux film de vacances muet, noir et blanc, avec l’image qui saute, ralentis et accélérés inopinés et parfois même, dans une incandescence, la pellicule fondant, gangrenée par une lèpre lumineuse. Il lui semblait qu’à son passage.

Canne dans la perspective de l’autoroute. Thérèse ne quittait pas la voie de droite, crispée sur son volant, subissant stoïque les gaz des camions qu’elle ne se résolvait pas à doubler. Chaque fois qu’elle passait sous un pont elle fermait les yeux et ses lèvres balbutiaient d’incompréhensibles prières. – Mais ouvrez donc les yeux, nom de Dieu ! Vous allez nous envoyer dans le décor ! – Je n’y peux rien, je déteste l’autoroute, les ponts surtout. Il y a toujours des gens dessus qui nous.

Stupéfiant, mais... – Mais quoi ? – La cicatrice... – Eh bien ? – Vous vous êtes trompé de joue. Les miroirs sont bien facétieux mais Édouard ne s’en alarma pas. Gauche, droite, qui s’en soucierait ? Pour l’heure, il y avait plus urgent. Il s’agissait d’aller à Genève récupérer leurs effets à l’hôtel. – Vous saurez conduire cette voiture ? – C’est une automatique, je ne sais pas. – C’est très simple, marche avant, marche arrière. À vrai dire, je devrais y arriver moi-même. Laissez-moi le.

Craignait pour sa vertu, elle avait de quoi se défendre, mais comme jamais elle n’avait attiré l’attention des hommes, elle ne faisait plus attention à eux. Ils l’avaient toujours ignorée à part un type saoul, une fois, à la sortie d’un bal. Ça s’était passé aussi vite qu’on décapsule une bouteille avec ses dents. Elle n’avait pas eu mal, physiquement, mais la déception qu’elle avait ressentie, allongée sur sa botte de paille, tandis que le gars vomissait dans son dos, avait définitivement éteint.

Oh ! et des Ah ! en se disputant les jumelles pareils à deux enfants suivant les évolutions gracieuses de cerfs-volants. Comme ils se sentaient lourds, patauds et maladroits devant ces planeurs impassibles dont le secret de l’aisance aérienne tenait dans l’oubli de leur corps. À mesure que le soleil déclinait, les sons montant du fond de la vallée leur parvenaient, distincts, l’aboiement d’un chien, un moteur de Mobylette, le rire d’un enfant, sans que jamais on eût pu en distinguer la source.

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